On attendra donc le mois de septembre pour que notre gouvernement
sorte sa loi punchy pour lutter contre le tabagisme en interdisant les
e-cigarettes dans les lieux publics.
On ne peut quand même s’empêcher de prendre tout le monde à contre-pied,
à cause ou grâce, justement, à l’e-cigarette (tout dépendra de quel pied
vous vous êtes levés ce matin !). En effet, lutter contre le tabagisme en
dénonçant une des principales raisons de la chute de la consommation de tabac,
est une aberration, à défaut d’être une aberration politique. Il
est évident que la ministre de la santé (comme ses prédécesseurs) a le
fondement entre deux chaises car elle oublie ou au moins omet l’essence même de son portefeuille
ministériel : la santé.
En toute bonne conscience, partons d’un postulat béni oui-oui
totalitaire et/ou stalinien (veuillez rayer les mentions inutiles ou garder le tout) et pour le
moins ultra simpliste, qui consisterait à refaire le coup de la prohibition sur l’alcool en
1930 aux USA : la
meilleure loi contre le tabagisme serait d’interdire tout simplement la
commercialisation du tabac ainsi que de fumer pour tout le monde !
Cela avait-il changé la donne à cette époque sur l’alcool ?
Cela avait surtout développé un marché parallèle florissant avec une demande de
folie et une fabrication artisanale avec tous les défauts que ce genre de
modalité engendre. Pire, la prohibition avait rendu la consommation d’alcool,
notamment dans les clubs illégaux, cool. Le summum du branché était
donc de s’encanailler et de s’enivrer au nez et à la barbe des autorités, ne serait-ce
qu’au fond, pour défendre son droit et ses croyances en la liberté individuelle
de choisir (j’écris ça la main sur le cœur…).
En rendant légale la vente d’alcool et surtout en taxant le
produit, les états à tendances démocratiques ont rempli leur mission de
défenses des libertés sous toutes ses formes, ainsi que les caisses du Trésor
Public. En ce qui concerne le tabac, on parlera de 13 milliards d’€ quand même.
Tout le monde il est content.
Si l’on interdit la cigarette et le tabac purement et
simplement, le problème ne sera pas réglé : il empirera. Le côté cool l’emportera, notamment sur la jeunesse, qui
verra la cigarette (et honnêtement qui l’a toujours vu) comme le moyen de
lancer un gros Fuck à l’establishment et surtout à leurs parents ! Et d’un
autre côté, l’État perdra la main sur une manne de pognon en laissant le champ
libre à une mafia déjà bien présente sur ce marché. Ça, ce n’est pas possible.
Si vous êtes arrivé à tout lire jusque-là, vous devez vous
dire : d’accord, merci pour le pseudo cours d’histoire, mais et la santé
dans tout ça ? C’est là que j’aurais bien envie de vous envoyer chier,
mais ça serait contre-productif, je pense…
La santé vient bien après ; d’abord, le pognon et
ensuite l’argent...
Dans le cas de la cigarette, l’industrie du tabac représente
plus de 490 milliards de dollars de chiffre d’affaire depuis 2013 pour les quatre
principaux acteurs du marché. Plusieurs
dizaine de millions de personnes travaillent par ou pour l’industrie du Tabac
dans le monde, le bénéfice des 4 acteurs principaux est évalué à 10 milliards d’euros
par an. Ceux sont des chiffres qui dépasse l’entendement du commun des mortels
mais qui sur le papier et sur un bilan financier veulent dire beaucoup !
« Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre
tout le monde écoute » Michel Audiard, grand clopeur devant l'éternel.
La liberté s’arrête où commence celle de l’État quand il commence à ne plus gagner d’argent. Ou pire : à en perdre.
En effet, le souci principal en ce moment pour l’État n’est
pas forcement de faire baisser le nombre
de fumeur (qui sont considérer là comme des clients) mais surtout de baisser le
nombre de décès et de malade dus au tabac (qui ici sont considérés comme des
patients). L’équation devient donc plus facile à comprendre, pour l’État,
Français en l’occurrence : un client te paye, un patient te coûte.
C’est là que le bât blesse : l’e-cigarette fait baisser
le nombre de fumeur, donc de client, mais pas forcément le nombre de patient, 30 000
cancers par an déclarés dus au tabac ; ce chiffre étant en forte augmentation
depuis 2010.
Le coût total des patients du Tabac est estimé à 47
milliards d’euros par an. Contre 13 milliards de rentrée par les taxes sur le tabac, le
compte est vite fait.
L’e-cigarette fera baisser, voir annihilera, on peut rêver, le nombre de
patient mais seulement dans plusieurs années, peut-être même une génération. En
attendant, le nombre de patient sera sensiblement le même, leur coût le sera
également. En réagissant à court terme, en stigmatisant de façon réactionnaire
l' e-cigarette, l’industrie du tabac et l’État français regardent donc dans le
même sens, évidemment pas pour les mêmes raisons et conséquences. Mais en suivant le vieil
adage « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », la frêle alliance entre
ces deux entités, contre l’e-cigarette est basée sur un besoin de freiner des
pertes probables.
Et donc, concernant la santé ? Honnêtement, la santé n’est
pas au cœur du sujet et ne le sera jamais tant que la connivence entre l’industrie
et les états est établie.
Empêcher les jeunes de commencer à fumer par des interdictions de la cigarette dans les
lieux publics ? Conneries : ce n’est pas parce que tu ne vois plus le
problème qu’il n’existe plus. On voit bien que le problème économique d’un État
va bien au-delà de la santé de ses concitoyens. On a connu ça en 1914 et 1939, mais
je m’égare.
L’E-cigarette n’est pas un remède, mais bien le produit qui amorcera
la chute des décès dus au cancer du poumon : de ça j’en suis persuadé.
Mais, avant tout, au niveau de la santé, le tabac c’est un peu comme le
Tic-Tac-Toe (ou Morpion, en français) cet étrange jeu où pour gagner, il
ne faudrait pas y jouer. C’est lorsqu’on commence à voir plus de mort que de
naissance que l’on comprend les règles du jeu. Mais, là, tu fais bien comme tu veux.